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Le mot, ces temps-ci est dramatiquement à la mode et la mauvaise nouvelle de la journée est que la ministre Schiappa va avoir à charge d’organiser la tenue d’un « grenelle des violences conjugales ». N’y a-t-il en France aucune femme de qualité plus digne d’une tâche aussi essentielle ? Je pense à des femmes comme Natacha Polony dont je me régale à chacune de ses interventions, devant son bon sens, sa finesse d’analyse et son courage. Il n’y en a sûrement d’autres, hélas peu compatibles avec la médiacratie française.

Deux lectures m’interpellent. L’une, un article très documenté de Médiapart « Des féminicides qui auraient pu être évités » par Laurène Daycard qui montrent la scandaleuse inaptitude de la police et de la justice à prendre à bras le corps ce problème gravissime et scandaleux.

L’autre article, « La favela féministe », tiré du Magasine de la Philosophie n°130 de juillet/août 2019, nous apprend qu’au Brésil, 5 femmes sont frappées toutes les 2 minutes par leur conjoint et une femme meurt toutes les 90 minutes, faisant du Brésil le cinquième pays du monde où sont commis le plus de féminicides.

Ces articles sont plus qu’utiles pour une prise de conscience de la gravité et de l’urgence.

Sauf…
Sauf que ces écrits suscitent colère et indignation. Mais UNIQUEMENT colère et indignation. Je veux dire par là que rien n’y est dit ni des causes profondes ni des possibles remèdes. Ces deux émotions, bien que légitimes, nous donnent bonne conscience sans nous inciter à la réflexion et encore moins à l’action. C’est très bien de s’indigner, mais après ?

Je considère que c’est à la source qu’il faut s’attaquer à ce mal. Or les sources de ce mal sont multiples et les remédiations terriblement complexes, car elles convoquent plusieurs approches : psychologiques, politiques, sociologiques, philosophiques et même génétiques. Je souhaite ici ouvrir quelques pistes, non exclusives et qui me semblent rarement évoquées. Je souhaiterais que vous toutes, mes nombreuses lectrices, participiez à cette réflexion et y apportiez vos propositions.

La piste la plus fondamentale et peut-être hélas insoluble tient à la nature même de l’homme (homme entendu comme non-femme). Il semble que quelque chose dans la nature même de l’homme comporte une dose -hormonale ?- de violence. D’illustres auteurs ont écrit sur cette question de la violence, je pense à René Girard (La violence et le sacré), mais je me contenterai d’observer que le mot même de « violence » vient de la racine grecque « bios » qui signifie la vie.  Comme si le fait de se battre, de frapper, de faire la guerre était consubstantiel à l’homme.

Pour aujourd’hui, je me contenterai d’observer un fait de société : je développerai ailleurs (un prochain livre ?) l’observation  que bien des cultures qui nous sont très proches, voire intriquées, portent une admiration, une révérence marquée aux bébés mâles, évidemment au détriment des filles. Pire : l’éducation sexuelle est cruellement défaillante pour ce qui concerne les petits garçons et le regard qu’ils peuvent (devraient ?) porter sur le « sexe dit faible ». J’évoque cette question du tabou porté sur la sexualité féminine dans mon dernier bouquin (Que dire, ou pas, de la sexualité à mes enfants) où j’insiste sur un fait notoirement ignoré -je veux dire :non transmis- : le désir ainsi que la satisfaction sexuelle sont d’une nature profondément différente chez le garçon et la fille. Tous les parents devraient ouvrir les yeux de leurs garçons sur ce fait. Au lieu de cela, ce sont les vidéos pornos qui jouent, de façon perverse, ce rôle.

Mais il y a pire : les coups, assénés par le conjoint mâle, le sont quasiment toujours sous les yeux de l’enfant. Cette violence conjugale s’inscrit profondément dans l’inconscient de l’enfant, surtout le garçon, pour lequel la père est un modèle. Et cette question de l’exemplarité, au sens négatif, n’est jamais évoquée par la justice. Il y a donc là un énorme chantier où inventer une véritable  « orthopsychologie » dont j’ai pu découvrir qu’elle était pratiquée au Québec.

Mes études de criminologie ne me laisse hélas que peu d’espoir sur cet aspect pénal, dans le sens « éducationnel ». C’est un chantier qui n’est même pas envisagé. Or ce devrait être l’objectif premier de tous les mouvements féministes.

J’attends vos contributions.

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